Si nous procédions à une archéologie de la plasticité, les bricolages décontractés en seraient la couche inférieure. La bricole pour s’échauffer avant la gymnastique. Le bricoleur selon Lévi-Strauss est un poète, et « la poésie lui vient (...) de ce qu’il ne se borne pas à accomplir ou à exécuter, il « parle », non seulement avec les choses, (...) mais aussi au moyen des choses : racontant par les choix qu’il opère entre des possibles limités, le caractère et la vie de son auteur ». (C’est moi qui souligne. Seulement la phrase qui me parle.)
Le bricolage, décontracté d’a priori conceptuel et des raisonnements sensibles que sont les opérations plastiques, s’oppose radicalement au travail de l’ingénieur qui applique des plans raisonnés, organise et dirige. Au contraire, c’est une improvisation au moyen des objets, des lieux, des images, des sons, des outils...une chorégraphie provisoire qui est aussi un moyen de mettre au jour de nouveaux passages, de découvrir de nouvelles relations entre arts plastiques et musique. De provoquer le sens(ible).
On l’aura compris, il s’agit d’un moment d’expérimentation de l’atelier à partir duquel la liste des opérations se développe. Bien sûr un retour réflexif, à la suite des bricolages décontractés, parait inévitable, dans le souci de reconnecter chaque opération aux sens qu’elle livre. Le bricolage désigne l’aménagement et les réparations temporaires du méta- atelier.
C’est par la figure « bricolages décontractés » que le processus compositionnel a pénétré dans l’atelier. Il est très intimement lié à notre manière de concevoir la relation arts plastiques/ musique. Une unité disjonctive en quelque sorte où les matériaux visuels et sonores se confrontent, se contaminent et se heurtent.